What was written in France About Our Diva - Fairouz
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What is written in France About  Our Diva

 

LE MONDE | 26.06.02 | 12h02

MIS A JOUR LE 26.06.02 | 18h33

Fayrouz en sa gloire crépusculaire

Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris-8e. Jeudi 27 et vendredi 28. Tél. : 01-45-61-53-00.

Fayrouz à Pleyel, alors qu'il y a trois lustres elle avait chanté à Bercy ? Parfaitement ! Le hangar des bords de Seine est peut-être le chef-d'œuvre architectural du chiraquisme municipal, mais il est surtout un gouffre aspirant les grandes voix. Et puis, soyons sérieux, la "turquoise" orientale (fayrouz en arabe) n'a plus 20 ans, et même si elle ne paraît pas son âge, elle l'a...

 

Je ne sais pas bien quand elle est née, mais je sens, depuis dix ans, que son timbre n'est plus comme naguère, aussi je n'écoute que ses chansons d'avant, où elle est incomparable", confie Salah, quadra de Tripoli du Liban. "Ce n'est pas tant sa voix qui a changé que sa musique, elle a voulu la renouveler depuis que son mari, le compositeur oriental Assi Rahbani, n'est plus là. Mais je trouve qu'elle fait trop dans le jazzy, l'occidental... Je la préférais plus orientale", ajoute Ali, ingénieur irakien réfugié à Paris. "Taisez-vous, rétorque Rafik, critique syrien établi au Caire, vous savez bien qu'aucune autre chanteuse arabe vivante n'est arrivée à la cheville de Fayrouz !"

En 1975, la disparition en pleine gloire de l'Egyptienne Oum Koulsoum avait facilité l'accession de Fayrouz, déjà célébrissime - notamment grâce à Vendeur de bagues, opérette filmée par Youssef Chahine sur les flancs du mont Liban -, au rang suprême de negmat-el-nougoum, impératrice des étoiles de la chanson arabe. Le dramaturge libanais Georges Schehadé déclara avoir entendu "chanter les anges" en écoutant sa compatriote. Avec cette sorte de cantique patriotique que fut, en pleine guerre du Liban (1975-1990), Bahebek ya Loubnan ! (Je t'aime, ô Liban !), Fayrouz, chrétienne de rite byzantin séparé de Rome, émut l'aire arabophone entière, y compris les catholiques maronites opposés au panarabisme et les musulmans hostiles à un Liban indépendant à prédominance chrétienne.

La petite femme frêle aux longs cheveux, en ample djellaba blanche et hauts cothurnes, aux gestes sobres et à la voix terreur des cristaux, devint alors le seul point d'entente d'un Liban et d'un monde arabe divisés. Cette identification avec le malheur libanais fait qu'aujourd'hui l'un des plus anciens admirateurs beyrouthins de Fayrouz, le journaliste Issa Ghoraïeb, déclare ne plus pouvoir l'écouter tant elle symbolise pour lui les années affreuses du conflit libanais.

C'est au début de cette guerre que Youssef Chahine - encore lui ! - avait lancé, avec Le Retour du fils prodigue (1976), une nouvelle voix orientale, Magda Roumi, qui, depuis lors, fait figure de dauphine de Fayrouz. Forçant un peu sur le registre fleur bleue, fort prisé du public arabe, avec un caractère primesautier qui contraste avec le masque tragique de Fayrouz, Magda continue de briller de tous ses sons. Cependant elle n'est plus l'unique dauphine depuis que le cinéaste a lancé en 2001, dans Silence... on tourne !, la Tunisienne Latifa Arfaoui (Le Monde du 12 décembre 2001). Une voix d'opéra venue de la Rachidia, l'ancienne école de musique beylicale à Tunis, qui s'exprime en français et qui a su se glisser dans le noble moule nilotique d'Oum Koulsoum.

Au fond, la gloire crépusculaire dans laquelle Fayrouz nage, on pourrait même dire vole tant elle semble légère, convient tout à fait à une immense artiste qui a su mieux que quiconque en arabophonie, durant la seconde partie du XXe siècle, traduire avec un maximum d'art et de foi les tragédies de son univers et de son temps.

Jean-Pierre Péroncel-Hugoz

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.06.02

 

 


 

 

LE MONDE | 26.06.02 | 13h05
MIS A JOUR LE 26.06.02 | 18h36

Un disque en arabe tourné vers l'Occident

Wala Kif, 1 CD Virgin/EMI.

La grande Fayrouz s'égarerait-elle ? A l'écoute de son nouveau disque, Wala Kif, la voix de l'Orient chrétien s'éloigne ici encore un peu plus du sacré - des racines religieuses du chant mais aussi du statut extraordinaire réservé aux chanteuses au Moyen-Orient.

Les divas ont souvent tourné leur regard vers les standards occidentaux, pas seulement américains mais aussi européens, source de fascination et de succès populaire dans leur adaptation à la langue arabe. D'éducation classique, les chanteuses de la vieille ou de la nouvelle école (la Tunisienne Latifa) ont rêvé d'être aussi, et en plus, des stars de variétés. Fayrouz n'échappe pas à la règle, sans qu'on puisse y trouver une logique autre que celle d'un goût personnel plutôt cosy.

Les puristes, qui ont toléré parfois sans l'avouer Live at Beiteddine sorti en 2001, vont crier au sacrilège et les amateurs réclamer, mais Fayrouz reprend bel et bien La Bamba, rebaptisée La Wallah. La Bamba, sans ses jupes virevoltantes et la rudesse sensuelle de l'espagnol des rues, perd structure et force, et Fayrouz son sens. De plus, elle date son interprète, davantage que Les Feuilles mortes, de Prévert et Kosma, autre thème repris. Cette tentative, qui peut passer pour du jeunisme en regard des siècles de tradition orientale, surprend. Mais la tendance s'est dessinée quand Fayrouz a commencé à travailler avec son fils, le compositeur Ziad Rahbani, enclin à alléger le style de son pathos au profit d'une musique agréable.

Reste l'art de Fayrouz. Improbable dans sa réinterprétation d'un classique de la bossa-nova, Manha de carnaval, signé Luis Bonfà et Antonio de Maria, mais tellement juste, si délié - l'accoutumance des oreilles françaises aux Feuilles mortes interdit sûrement de se laisser bercer par l'exotisme de son interprétation en arabe. Chez Fayrouz, il y a classicisme - l'Orchestre symphonique et philharmonique d'Arménie, qui sait sonner comme les grands orchestres de cordes de l'âge d'or égyptien. Il y a aussi cinq thèmes composés par Ziad Rahbani, dont certains dans la pure lignée de la glorieuse Libanaise, qui ne sont pas marqués au sceau du jazz, du piano cool, parfois dominants, toujours élégants, mais à côté du cœur.

Véronique Mortaigne

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.06.02